Tout savoir sur le Kintsugi : vos questions, nos réponses

Usage des oeuvres

Vous vous demandez si votre objet réparé au kintsugi est sans danger pour un usage quotidien ? Rassurez-vous ! L’urushi, la résine naturelle utilisée pour le kintsugi traditionnel, est non toxique et sans danger pour le contact alimentaire une fois sec. Il est utilisé depuis des siècles dans la tradition japonaise pour la fabrication et la réparation de la vaisselle.

Pour garantir la longévité de votre objet d’art restauré au kintsugi, un lavage à la main doux est indispensable. Le lave-vaisselle, avec ses cycles de lavage abrasifs peut endommager de manière irréversible la restauration.

Il est strictement interdit de mettre des œuvres restaurées au micro-ondes ou au four. La chaleur intense peut endommager l’urushi et dégager des fumées toxiques.

Le Kintsugi

Kintsugi (金継ぎ), également connu sous le nom de kintsukuroi, est une technique japonaise ancestrale qui consiste à réparer la céramique cassée en soulignant les lignes de fracture avec de la laque et de la poudre d’or. Loin de masquer les imperfections, cette méthode les sublime, transformant chaque objet en une œuvre d’art unique, chargée d’histoire et de résilience. Plus qu’une simple technique de restauration, le kintsugi incarne une philosophie profonde, invitant à célébrer la beauté de l’imparfait et à accepter le passage du temps.

L’origine exacte du kintsugi est inconnue, mais on pense qu’il s’est développé au Japon pendant la période Muromachi (1336-1573). Une théorie suggère que le kintsugi est apparu lorsque Ashikaga Yoshimasa, le huitième shogun du shogunat Ashikaga, a envoyé un bol à thé chinois cassé en Chine pour réparation à la fin du XVe siècle. Mécontent du résultat, qui utilisait des agrafes pour maintenir les tessons, Yoshimasa a commandé à des artisans laqueurs japonais de développer une nouvelle méthode de restauration de la céramique. Cela a conduit au développement du kintsugi.

La philosophie derrière le kintsugi est profondément enracinée dans le principe esthétique japonais du wabi-sabi, qui met l’accent sur la beauté de l’imperfection, de la transience et de l’incomplétude. Wabi-sabi nous encourage à apprécier les imperfections et l’impermanence de la vie, plutôt que de rechercher la perfection. Il nous apprend que la rupture n’est pas quelque chose dont il faut avoir honte, mais plutôt un signe d’authenticité et de résilience.

Le kintsugi incarne cette philosophie en transformant la céramique cassée en œuvres d’art. Au lieu de dissimuler les fissures et les imperfections, le kintsugi les met en valeur en les restaurant avec de la poudre d’or, d’argent. Cela crée une esthétique unique qui célèbre l’histoire et la résilience de l’oeuvre.

Le processus du kintsugi est un art délicat et qui prend du temps, et il nécessite beaucoup de compétences et de patience.

1/ L’objet est tout d’abord nettoyé, les éventuelles traces de colle chimique sont grattées et l’émail effrité est consolidé. 

2/ Les différents fragments sont recollés grâce à un mélange de laque naturelle et de colle de riz. Le séchage prend plusieurs jours et doit se faire dans des conditions stables et contrôlées. 

3/ Les fissures et manques sont comblés par un mélange de laque et de poudre de terre cuite : là encore, le séchage prend plusieurs jours. Vient ensuite le ponçage pour obtenir une surface la plus lisse possible. Cette étape est renouvelée autant de fois que nécessaire jusqu’à l’obtention d’un résultat parfait. 

4/ Les fissures comblées et poncées sont recouvertes au pinceau par une laque de couleur noire. Cette étape peut être renouvelée autant de fois que nécessaire. 

5/ Après séchage, la dernière couche est une précieuse laque rouge qui va servir d’assiette (c’est-à-dire de base adhésive) à la poudre d’or pur.

6/ C’est l’étape la plus impressionnante : l’or pur est saupoudré sur la laque rouge… Cela nécessite une absence totale de poussière dans la pièce et sur l’artisan.

7/ Après séchage complet, l’or est poli avec une agate et peut être protégé par une très fine couche de laque.

Le kintsugi est uniquement réalisé à l’or, mais il existe beaucoup d’autres possibilité, tel que le Gin-tsugi ( argent) ou le Tin-tsugi ( étain).

L’utilisation de l’or, de l’argent et du platine dans le kintsugi ne se limite pas à l’esthétique. Ces métaux ont également une signification symbolique. L’or est associé à la richesse, à la beauté et à l’immortalité. L’argent est associé à la pureté, à l’innocence et à la sagesse. Le platine est associé à la force, au pouvoir et à la longévité.

 

Le kintsugi traditionnel se distingue par son utilisation de la laque urushi, une résine naturelle conférant aux pièces une beauté intemporelle et une grande durabilité. Cette technique exigeante et ancestrale permet de boire et manger dans des pièces restaurées, sans danger.

Le kintsugi moderne utilise des matériaux plus accessible, bien moins onéreux et non respectueux de l’environnement, comme les résines et colles synthétiques. Ces dernières, bien qu’efficaces pour recoller la céramique, présentent des risques pour la santé et l’environnement en raison des substances volatiles qu’elles contiennent.